- Primes brutes émises de EUR 9 686 millions au premier semestre 2022, en hausse de 8,3 %(1) par rapport au premier semestre 2021
- Perte nette du Groupe de EUR 239 millions au premier semestre 2022, à comparer à un résultat net de EUR 380 millions au premier semestre 2021
- Capitaux propres du Groupe de EUR 5 581 millions à fin juin 2022 correspondant à un actif net comptable par action de EUR 31,21, en baisse de -11,5 % par rapport au 31 décembre 2021 (EUR 35,26)
- Ratio de solvabilité estimé du Groupe de 240 % à fin juin 2022 (supérieur au ratio de 226 % publié au 31 décembre 2021)
Le Conseil d'administration de SCOR SE, réuni le 27 juillet 2022 sous la présidence de Denis Kessler, a arrêté les comptes du Groupe pour le premier semestre 2022.
Faits marquants :
Au premier semestre 2022, l’environnement macroéconomique mondial s’est fortement dégradé alors que les tensions provoquées par la guerre en Ukraine sur le contrôle des ressources naturelles se sont accrues. De nombreux pays connaissent désormais des niveaux d’inflation qui n’avaient jamais été observés depuis des décennies. Au premier semestre 2022, les effets du changement climatique ont également continué à se faire ressentir. Le deuxième trimestre a été marqué par de fortes inondations en Afrique du Sud et des tempêtes en France, après un premier trimestre déjà marqué par de graves inondations en Australie et l'une des pires sécheresses de l'histoire du Brésil. Au premier semestre 2022, la pandémie de Covid-19 s’est par ailleurs poursuivie.
La conjonction de ces événements a considérablement affecté le résultat de SCOR et s’est traduite par une perte nette de EUR -239 millions au premier semestre 2022, dont EUR -159 millions au deuxième trimestre.
La baisse de rentabilité reflète notamment le coût des sinistres liés à la sécheresse qui a touché les cultures de maïs et de soja dans les régions du sud du Brésil. Il s'agit de la pire sécheresse qu'ait connue le Brésil depuis 91 ans, entraînant des pertes économiques de 9,2 milliards de dollars(2) avec un impact de EUR -193 million sur le résultat technique de SCOR, dont EUR -35 millions au premier trimestre. En conséquence, et conformément à ses ambitions de réduire son exposition aux lignes sensibles à la volatilité d’origine climatique, SCOR s’est engagé dans une revue complète de son portefeuille agricole avec une réduction de 50 % de l'exposition (PML(3)) prévue pour 2023.
SCOR a également été affecté par la matérialisation de sinistres latents liés à des violences sexuelles datant des années 1980 aux Etats-Unis. La provision au titre des potentiels sinistres associés à la guerre en Ukraine, comptabilisée au premier trimestre 2022, reste inchangée.
La charge totale des sinistres liés à la pandémie de Covid-19 s’élève désormais à EUR 254 millions, dont EUR 195 millions au premier trimestre.
Les résultats de SCOR sont également affectés par des éléments non-opérationnels : EUR -45 millions de charges fiscales provisionnées liées à un résultat imposable négatif dans certaines juridictions et EUR -30 millions relatifs à l’option émise sur les actions propres de SCOR valorisée à la juste valeur par le compte de résultat.
Au second trimestre 2022, plusieurs évolutions encourageantes peuvent néanmoins être relevées quant aux priorités du Groupe de réduire la volatilité, d’améliorer la rentabilité et de gérer la croissance, notamment :
- Les initiatives prises lors des renouvellements en réassurance dommages et responsabilité au 1er juin et au 1er juillet ont contribué à une réduction du niveau de perte maximale probable (PML(4)) de l’ordre de 21% pour l’année 2022, au-delà de l’objectif initial de 11 %.
- Le taux de réinvestissement s’établissait à 4,1 % fin juin 2022, contre 2,1 % fin 2021 et 3,1 % fin mars 2022, illustrant l'amélioration des perspectives de rendement des investissements.
Dans cet environnement complexe, SCOR maintient le cap et se prépare à affronter des vents contraires et à tirer parti des courants plus porteurs à venir, en s’appuyant sur ses initiatives destinées à améliorer la rentabilité et à réduire la volatilité ainsi que sur sa solvabilité solide et sur le processus de transformation en cours.
- Les primes brutes émises atteignent EUR 9 686 millions au premier semestre 2022, en hausse de 8,3 % à taux de change constants par rapport au premier semestre 2021 (+14,7 % à taux de change courants).
- SCOR P&C (Property and Casualty) enregistre une progression de ses primes brutes émises de 20,9 % à taux de change constants par rapport au premier semestre 2021 (+28,1 % à taux de change courants). SCOR adopte actuellement une approche plus sélective pour ses lignes de réassurance dites « P&C », la croissance au premier semestre étant néanmoins toujours portée par les exercices de souscription précédents. SCOR continue de développer ses lignes de réassurances dites « Global Lines » et d'assurance de spécialités, où les conditions de marché sont considérées comme attractives. Le ratio combiné net atteint 107,7 % dont 10,5% de sinistres liés aux catastrophes naturelles.
- Lors des renouvellements de juin et juillet en réassurance dommages et responsabilité, les primes brutes de réassurance ont reculé de 9,8 %(5). Cette situation résulte de la combinaison d’une baisse significative aux États-Unis (-24 %), où SCOR a sensiblement réduit son exposition aux catastrophes naturelles, en particulier en Floride, et d’une croissance en Europe (+16 %), ainsi que sur les marchés matures de l’Asie-Pacifique (+5 %) et sur les Marchés en forte croissance (+7 %), dans lesquels SCOR bénéficie d’une demande soutenue. SCOR a pu réaliser une augmentation des tarifs de l’ordre de 6,7 %(6) portée par une évolution favorable du marché et un environnement inflationniste.
- SCOR L&H (Life and Health) a vu ses primes brutes émises reculer de 1,8 % à taux de change constants par rapport au premier semestre 2021 (+4,0 % à taux de change courants). Le Groupe poursuit le rééquilibrage du portefeuille en faveur des produits « santé » et « longévité » ainsi que des services dans un monde post-Covid. La marge technique de SCOR L&H ressort à 6,3 % durant ce semestre.
- SCOR Investments, qui a adopté la norme IFRS 9, dégage un rendement des actifs de 1,6 %(7) au premier semestre 2022, en raison de l’effet négatif de la révision des pertes de crédit attendues, qui pèse sur le rendement à hauteur de -30 points de base. Le rendement courant est en hausse, passant de 1,9 % au premier trimestre 2022 à 2,2 % au second trimestre 2022.
- Le ratio de coûts du Groupe qui s’établit à 4,5 % des primes brutes émises au premier semestre 2022, reste inférieur à l’hypothèse d’environ 5,0 % du plan « Quantum Leap ».
- La perte nette du Groupe s’établit à EUR -239 millions au premier semestre 2022, tenant également compte des charges fiscales provisionnées de EUR -45 millions liées à un résultat imposable négatif dans certaines juridictions et EUR -30 millions relatifs à l’option émise sur les actions propres de SCOR valorisée à la juste valeur par le compte de résultat.
- Le Groupe dégage un cash-flow opérationnel négatif de EUR -368 millions au premier semestre 2022, principalement associé à un cash-flow opérationnel négatif de EUR -648 millions de SCOR L&H reflétant le paiement des sinistres liés à la pandémie de Covid-19, alors que le cash-flow opérationnel de SCOR P&C est de EUR 280 million. Les liquidités totales du Groupe, à un niveau très élevé, ressortent à EUR 2,6 milliards au 30 juin 2022.
- Les capitaux propres du Groupe ressortent à EUR 5 581 millions au 30 juin 2022 contre EUR 6 402 millions au 31 décembre 2021. Il en ressort un actif net comptable par action de EUR 31,21, contre EUR 35,26 au 31 décembre 2021. La plus grosse partie de cette évolution s’explique par la réévaluation (instruments valorisés à la juste valeur par capitaux propres) de EUR -812 millions au premier semestre 2022.
- Le ratio d’endettement financier du Groupe s’élève à 30,6 % au 30 juin 2022, en hausse de 2,8 points par rapport au 31 décembre 2021 (27,8 %), en conséquence de la baisse des capitaux propres.
- Le ratio de solvabilité du Groupe est estimé à 240 % au 30 juin 2022, au-dessus de la plage de solvabilité optimale de 185 % - 220 % définie dans le plan stratégique « Quantum Leap ».
Point stratégie
Dans la perspective du nouveau plan stratégique de SCOR, qui sera dévoilé le 9 novembre, le Groupe continue de prendre des mesures pour manœuvrer la transition vers un nouvel environnement de risques et saisir pleinement les nouvelles opportunités.
- Le changement climatique impacte le secteur de la réassurance et SCOR s’efforce activement de réduire son exposition aux périls sensibles à l’évolution du climat.
- SCOR pratique une gestion active de son portefeuille L&H et se diversifie hors du risque pandémique en concentrant sa croissance sur les lignes d’activités transactionnelles comme le risque de longévité ou les solutions structurées (Financial Solutions), tout en optimisant la rentabilité de son portefeuille d’affaires en cours (in-force) à travers des actions de gestion ciblées.
- SCOR surveille de très près les conséquences négatives éventuelles de la dégradation de l’environnement macroéconomique et concentre son action sur la maitrise de l'inflation par la tarification, le provisionnement, la gestion des coûts et l'allocation de ses actifs :
- En prenant en compte les dernières tendances du marché dans la tarification en amont des renouvellements ;
- A travers une gestion active des réserves associées aux sinistres à développement long de la branche P&C afin de limiter les répercussions de l’inflation dans un contexte où une proportion significative des provisions de SCOR (41%) correspondent aux lignes L&H qui présentent une très faible sensibilité à l’inflation.
- Grace à la duration courte de son portefeuille d’actifs (28 % des titres obligataires arriveront à échéance dans les 24 mois) et à la part de titres protégée contre les hauts niveaux d’inflation (22 %, immobilier inclus).
- A travers une gestion stricte des coûts, avec pour objectif d’absorber les pressions inflationnistes sur le ratio de coûts.
En termes de perspectives, SCOR a également identifié plusieurs opportunités, dans la branche L&H où la sensibilisation accrue à la nécessité des couvertures d'assurances a déclenché une augmentation de la demande pour les produits de prévoyance, ainsi que dans la branche P&C, où une capacité réduite conjuguée à un déséquilibre croissant entre l’offre et la demande devrait soutenir un durcissement du cycle.
La vision à long terme d’un monde durable que SCOR a exprimée par ses engagements récents sur la souscription, les investissements, la culture d’entreprise et les ressources humaines, a été reconnue par les agences de notations extra financières. MSCI ESG classe SCOR parmi les leaders du développement durable. Moody’s a également amélioré le rating ESG de SCOR en 2022.
Ces principes servent de fondement au nouveau plan stratégique qui sera dévoilé le 9 novembre 2022.
Dans ce contexte, la nouvelle norme comptable IFRS 17 devrait mieux refléter la Valeur Economique de SCOR (estimée à plus de EUR 9 milliards(8) au 1er janvier 2022) en rapprochant le référentiel comptable des autres référentiels internes (EVA(9), Solvabilité 2) sur lesquels le Groupe s’appuie pour prendre ses décisions commerciales. À l’avenir, SCOR concentrera son action sur la création de Valeur Economique sur le long terme. Le projet entre maintenant en phase de production avec la livraison du bilan d'ouverture (« Opening Balance Sheet » ou OBS) et des comparatifs. La nouvelle norme IFRS 17 s’accompagne d’une complexité relativement importante pour les réassureurs étant donné la nature de leur activité, en particulier les lignes L&H.
Denis Kessler, Président de SCOR, déclare : « Notre expérience récente constitue un témoignage brutal de la multiplication des incertitudes et instabilités de tous ordres : le fléau du Covid-19 continue, des forces entropiques mettent la scène géopolitique à feu et à sang, l’inflation n’a jamais été aussi haute depuis des décennies, l’économie ralentit, les craintes d’une récession mondiale vont grandissant, la fréquence et la sévérité des catastrophes naturelles s’accroissent – une évolution très probablement due au réchauffement climatique… Dans cet environnement volatile, l’aversion aux risques et le besoin de protection vont continuer à augmenter. La multiplication des incertitudes et des risques démontre plus que jamais à quel point le rôle de la réassurance est crucial en tant que fondement et garant de la résilience de l’économie mondiale. J’ai la conviction que SCOR, en tant que réassureur de premier plan, est parfaitement armé pour relever ces défis et poursuivre son développement créateur de valeur, en s’appuyant sur son fonds de commerce mondial, sur son expertise technique reconnue, sur sa solidité financière, sur la compétence de ses équipes et sur sa maîtrise des nouvelles technologies. »
Laurent Rousseau, Directeur général de SCOR, déclare : « Le premier semestre 2022 a été marqué par une série d'événements exceptionnels, tant en réassurance de dommage et de responsabilité qu’en réassurance vie et santé, qui ont eu un impact négatif sur notre performance financière. En particulier, toute une série d’événements imputables au changement climatique (catastrophes naturelles, sécheresses, etc.) ont pesé sur la rentabilité de notre branche P&C, ce qui confirme la pertinence de notre stratégie consistant à réduire notre exposition à ces segments. Même si le Groupe enregistre une perte comptable pour ce premier semestre, sa solvabilité reste solide, avec un ratio de solvabilité de 240 %.
L’environnement actuel en pleine mutation s’accompagne de défis et d’opportunités. Dans ce contexte, nos objectifs restent inchangés : réduire la volatilité de nos résultats, accroître la rentabilité, développer le fonds de commerce, allouer le capital de manière efficiente et amorcer la transformation du Groupe. Nous nous consacrons entièrement à la préparation du nouveau plan stratégique qui sera présenté en novembre, en même temps que nos résultats du troisième trimestre. Dans un monde ‘stochastique’, nous prenons proactivement des mesures de remédiation tout en tirant parti d’un contexte de hausse de la demande de protection et en observant une discipline tarifaire stricte. SCOR s’appuie sur ses atouts pour s’adapter et saisir les opportunités liées à l’environnement actuel des risques ».
(1) À taux de change constants.
(2) Source: https://www.farmprogress.com/commentary/drought-devastates-brazilian-crop
(3) PML (« Probable Maximum Loss ») : perte agrégée nette correspondant au dépassement du quantile à 1/250.
(4) PML (« Probable Maximum Loss ») : perte agrégée nette correspondant au dépassement du quantile à 1/250.
(5) À taux de change constants.
(6) La variation des tarifs de SCOR est calculée à partir d’un échantillon de contrats dont l’évolution tarifaire peut être calculée par unité d’exposition (ce qui exclut notamment les nouveaux contrats, les renouvellements comportant un changement de structure ou les traités pluriannuels non proportionnels).
(7) Au 30 juin 2022, les actifs investis classés à la juste valeur par le compte de résultat s’entendent hors EUR -30 millions relatifs à l’option émise sur les actions propres de SCOR. Le rendement des actifs de 1,6 % pour le premier semestre 2022 a été calculé selon les dispositions de la norme IFRS 9. Il intègre l’effet des pertes de crédit attendues et la variation de la juste valeur des actifs comptabilisés à la juste valeur au compte de résultat. Sans ces éléments (qui n’auraient pas été comptabilisés selon la norme IAS 39), le rendement des actifs serait ressorti à 2,0 %
(8) Chiffre non audité, définie comme la somme des fonds propres et de la Marge de Service Contractuelle (Contractual Service Margin ou CSM)
(9) Economic Value Added